Parcours santé - citoyenneté

Une élève de terminale finaliste du concours national "RESONANCES"

Par Anne-Clair Antiphon, publié le dimanche 16 avril 2023 20:15 - Mis à jour le vendredi 21 avril 2023 17:38
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Le concours Résonances, lancé le 17 octobre 2022, est un concours créatif qui invite les 15-25 ans à s’exprimer sur le monde de demain en faisant appel à leur imagination à horizon 2030, dans le cadre des Objectifs du Développement Durable.

Parmi les 106 création reçues, une liste de 15 finalistes a été sélectionnée par le public et le jury. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les créations des finalistes seront exposées les 15 et 16 avril 2023 lors du festival RESONANCES à la Fondation GoodPlanet et soumises aux votes des festivaliers.

Les 5 lauréat.e.s seront annoncés pendant la cérémonie de clôture le 16 avril.

Membres du jury : 

Yann Arthus-Bertrand (Président de la FondationGoodPlanet),

Albane Godard (Directrice générale de la Fondation GoodPlanet),

Victoria Guillomon (Créatrice du podcast Nouvel Œil et autrice du livre Ce qu’on n’apprend pas à l’école),

Julie Pasquet (Co-Fondatrice du collectif Le Bruit Qui Court),

et les représentant.e.s des mécènes du projet : Axa, DS Smith, Garnier, la Fondation SNCF, la Fondation Make.org.

https://www.instagram.com/concoursresonances/?hl=fr

 
Bonne chance à Maïna dans la catégorie Ecriture
 
Maïna a été lauréate du concours. Elle pourra profiter d'une journée d'immersion chez les éditions d'Héloïse d'Omersson ! 
Félicitations!!

 

Son texte :

L'oeuvre

Cher.ère humain.e,

Je t'écris ce soir cette lettre pour prendre de tes nouvelles. J’espère que tu te portes bien et que l’arrivée de l’hiver ne t’a pas rendu trop malade - bien que les paysages ne soient pas couvert de neige. J’ai moi-même attrapé une dure grippe - j’espère qu’il ne s’agit pas là du Covid ! Malgré mes problèmes de santé, tu n’as pas à t’en faire : Camille prend bien soin de moi, entre ses journées de boulot.
Mais bien que cette saison ne soit plus aussi froide qu’avant, elle n’est pas moins douloureuse. Mardi dernier, j’ai été voir le docteur Bert GIEC et il m’a informé de l’état de mes alvéoles pulmonaires : elles sont en permanente déforestation… On a alors longuement discuté de ma situation.
Nous avons abordé divers sujets tels que la pollution de l’air que je respire et de l’eau que je bois, les plastiques que j’ingère tous les jours, les rayons UV qui brûlent de plus en plus ma vieille peau, et j’en passe. On en est venu à deux seules solutions : soit je me laisse dépérir et j’emporte alors tous mes hôtes avec moi, soit ces derniers plantent des graines de possible en réparant les fautes qu’ils ont commises. Car oui, ma maladie vient certes de l’hiver, mais elle vient également d’eux.
Je veux avant toute chose que tu saches que la fin de mon existence ne me dérangerait pas plus que ça : après tout, on est tous voués à une fin. D’un autre côté, cela me ferait de la peine d’emporter avec moi tous les êtres qui m’habitent. Bien que certain.e.s me polluent et m’embêtent parfois, je me suis attachée à leur compagnie. Et puis, je ne sais pas s’ils accepteraient comme moi la fin de leur existence.
C’est pourquoi, si l’on veut que je guérisse, le traitement médical doit venir d’eux. Oui, s’ils veulent poursuivre leur existence, ils doivent se serrer les coudes et planter des alvéoles pour purifier l’air. Et s’ils manquent de place, ils n’ont qu’à remplacer leur plâtre goudronné par ma chair terre. Ils doivent se serrer les coudes pour réduire la pollution de mon air, de leur air, ou plutôt de notre air et de notre ère.
L’Homme a commis, et commet à l’instant où je t’écris cette lettre, des erreurs multiples. Des grosses, des petites, des erreurs qui s'aggravent ou bien qui se stabilisent, et d’autres qui surgissent. Mais certain.e.s humain.e.s ont plus d’influence que d’autres sur ma santé. Il suffit alors d’une simple erreur pour que celle-ci prenne de l’ampleur sur l’état de mes poumons, et qu’elle s’y installe sans pouvoir la déloger si facilement.
Le problème, c’est que la plupart d’entre eux.elles n’admettent pas leurs fautes. Je ne sais pas s’ils sont aveugles, s’ils ont attrapé la maladie du blé, ou bien s’ils sont lâches, passifs ou paresseux, mais ce qui est certain dans cette histoire, c’est que malgré l'auscultation du docteur, ils continuent leur chemin vers une fin universelle, accélérée, et certaine.
Mais rassure-toi, certain.e.s prennent la peine de ramasser les déchets jetés par d’autres. Et puis, pour ce qui est des grosses erreurs, il suffit que les humain.e.s ayant peu d’influence individuellement s’assemblent pour qu’ils arrivent au même niveau d’influence que celles et ceux qui commettent ces mêmes erreurs. Oui, il suffit que chacun.e en ait la volonté. Car comme l’a dit un jour un certain Étienne de La Boétie, “il n’y a d’oppression que volontaire”. Donc si l’Homme a la volonté de préserver son existence, alors il a la volonté de préserver la vie, et non de la détruire.
Il a la volonté d’avoir lui aussi son influence sur les autres pour réparer les erreurs commises.
Il a la volonté de s'attacher à la cause non seulement de son existence, mais de tous les autres êtres existants.
Il a la volonté de planter sa graine de possible, qui fleurira en champs.
Il a la volonté de vivre donc il a la volonté de faire vivre.
Je crois en toi et je sais que, un jour ou l’autre, si tu veux exister, tu en auras la volonté.

P-S : Spinoza a dit : ”Aimer, c’est se réjouir que l’autre existe"

Ta chère maman qui t’aime fort,
la Planète Terre

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Le message

À travers une personnification de notre planète bleue, j'essaie de faire comprendre qu'elle est unique, qu'elle veille sur nous depuis la nuit des temps, mais aussi qu'elle n'est pas invincible et que nous sommes en partie en train de la détruire. En suscitant l'empathie de celui ou celle qui lit cette lettre, j'appelle à prendre au moins conscience de ce qui est en train d'arriver à cette planète, et par conséquent ce qui est en train de nous arriver aussi. La Terre est malade et nous nous devons de la soigner si nous voulons continuer d'y vivre.


Le processus créatif

Je me suis inspirée des prises de parole de Camille Étienne ou encore des écrits de George Sand qui sont des femmes très inspirantes pour ce qui est de défendre une cause. J'aime leur façon de penser et d'agir. Je me suis dit : pourquoi pas moi ? J'ai alors commencé à écrire sur les bétises de l'Homme vis-à-vis de l'environnement. Puis je me suis rendue compte que ce que je voulais, c'était d'abord faire prendre conscience de ce qui est en train de nous arriver. C'est donc là où j'ai eu l'idée de susciter l'empathie des lecteurs.trices en partant d'une personne malade, car c'est la réalité : en général, nous éprouvons plus d'empathie envers un humain qu'envers autre chose. C'est donc au fil de la lettre que nous apprenons qu'il s'agit de la planète où nous habitons. Et celle-ci va finir sur une note d'encouragement pour que l'on puisse rebondir sur ce que l'on vient de lire.